Le style bien connu du Greco — allongement des formes, éclat irréel des couleurs, visions extatiques — vient en partie de sa première formation de peintre d’icônes dans la tradition byzantine, en Crète. Vers 1558, le Greco va à Venise où il étudie avec Titien et subit l’ascendant du Tintoret. Il se rend plus tard en Espagne et se fixe définitivement à Tolède. Ce portrait est réalisé peu après son arrivée en Espagne. Fidèle à la tradition naturaliste vénitienne, l’œuvre n’atteint pas encore l’intensité émotionnelle caractéristique des portraits espagnols tardifs du Greco. Mais l’austérité de la présentation, la forme de flamme que dessine la tête, le regard direct, assuré, du modèle, annoncent déjà son style de la maturité et traduisent efficacement la fierté du personnage, sûr de son rang. L’inscription fragmentaire indique qu’il s’agit d’un « gentilhomme de la maison de Leiva ». Le modèle est peint dans une palette réduite de bruns et de noirs, suivant la tradition naturaliste de portrait vénitien. La peinture a été découpée dans le bas, ce qui explique pourquoi la main gauche est tronquée.