Lyonel Feininger quitte New York pour l’Allemagne à seize ans afin d’étudier la musique, mais il se rend vite compte que ce sont plutôt les beaux-arts qui l’attirent. Ce n’est qu’en 1937, après s’être bâti une carrière remarquable en tant que caricaturiste, graveur et peintre, qu’il rentre aux États-Unis. Bien qu’il ait effectué des séjours en Belgique et en France au cours de ses années de formation, il demeure en Allemagne durant la Première Guerre mondiale. L’art de Feininger ne renferme pas d’allusions explicites à la guerre. Cependant, la présence du drapeau belge dans le présent tableau fait peut-être référence aux forces alliées – qui incluent maintenant de ses compatriotes américains – entrant dans la Belgique occupée en août 1917. Sur le plan formel, Rue jaune II montre la profonde influence du cubisme sur le style de l’artiste, même si celui-ci a adapté le facettage à son langage rythmique distinctif, qu’il qualifie de « prismisme ».