Sam Francis découvre la peinture sur son lit d’hôpital, en 1944, alors qu’il se remet d’un écrasement d’avion. Après des études d’art et d’histoire de l’art en Californie, il part étudier à Paris, où il est particulièrement influencé par le travail de Claude Monet. Abstraction illustre admirablement la transition – qui s’annonce chez d’autres peintres américains, tels Clyfford Still, Morris Louis et Kenneth Noland – de l’expressionnisme abstrait vers une peinture abstraite plus claire caractérisée par des formes larges et des couleurs vives et lumineuses. Présenté à Montréal à la galerie L’Actuelle en 1956, ce tableau aura une influence décisive sur plusieurs jeunes artistes de la métropole, qui y perçoivent une voie inédite entre l’automatisme et le plasticisme. Il s’agit d’un juste retour des choses, puisque c’est un peintre d’origine montréalaise, Jean Paul Riopelle, qui a présenté Francis aux réseaux artistiques parisiens en lui faisant rencontrer notamment le critique Georges Duthuit, « un guide pour la culture française ». Chez Duthuit, en Provence, l’artiste américain éclaircit sa palette.