Francis découvre la peinture sur son lit d’hôpital, en 1944, alors qu’il se remet d’un accident d’avion. Après des études d’art et d’histoire de l’art en Californie, il séjourne à Paris où il étudie à l’Académie Léger. Exécutée en 1954, cette abstraction témoigne de l’influence cardinale de Monet, révélé à l’artiste en 1953 par la réouverture du musée de l’Orangerie. Cette toile illustre admirablement la transition – qui s’annonce chez d’autres Américains, tels Clyfford Still, Morris Louis ou Kenneth Noland – de l’expressionnisme abstrait vers une peinture plus claire, aux formes larges et aux couleurs vives et lumineuses. Présentée à Montréal à la galerie L’Actuelle en 1956, Abstraction aura sur plusieurs jeunes artistes montréalais une influence décisive, indiquant une voie inédite entre l’automatisme et le plasticisme. Juste retour des choses, puisqu’à Paris c’est un peintre d’origine montréalaise, Riopelle, qui avait initié Francis aux réseaux artistiques de la capitale, en lui faisant connaître notamment le critique Georges Duthuit, « un guide pour la culture française ». Chez Duthuit, en Provence, l’artiste américain éclaircit sa peinture. Riopelle lui présente également Nina Dausset, qui consacre à Francis sa première exposition particulière à la galerie La Dragonne, en 1952.
© Sam Francis Foundation, California / SODRAC, Montreal / Artists Rights Society (ARS), NY (2021)