La fraîcheur de l’observation et l’exécution rapide et magistrale du Marché à Trouville témoignent de l’analogie entre l’art de Boudin et l’impressionnisme. Le tableau est ponctué de touches de couleurs pures, vibrantes et tournoyantes, fixant l’agitation de la foule et les subtilités des variations atmosphériques. Ses couleurs lumineuses le distinguent des peintres de l’école de Barbizon qui, bien que fervents défenseurs de l’observation directe de la nature, conservent une palette plus traditionnelle en demi-teintes. Boudin fige l’instant, préférant l’aspect de l’esquisse à celui d'une composition achevée qui convient davantage aux exigences de ses clients. Sa technique et le naturel des poses des figures, saisies à leur insu, ne sont pas sans évoquer l’art de la photographie. Si cette approche picturale, très éloignée du goût officiel de son temps, se heurte à l’incompréhension du public, la critique et les artistes d’avant-garde comprennent l’extraordinaire talent et la modernité de ce peintre qui annonce le mouvement révolutionnaire que sera l’impressionnisme.