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Rencontre avec...

Rose Naggar-Tremblay

Rose Naggar-Tremblay

La contralto Rose Naggar-Tremblay présente Celles qui partent

Le mercredi 13 décembre prochain, à 19 h 30, la contralto québécoise Rose Naggar-Tremblay, dont la carrière est en pleine ascension, présente un projet très personnel et émouvant, intitulé Celles qui partent.

Pour ce récital, elle explore des récits de mouvance au féminin, inspirés par la vie et la démarche artistique de l’artiste vénézuélienne Marisol en lien avec l’exposition Marisol : une rétrospective à l’affiche au Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) jusqu’au 21 janvier 2024. Nous l’avons donc rencontrée afin d’en savoir davantage sur ce projet fascinant et également sur la genèse du cycle de mélodies Mar y sol, commande conjointe de la Salle Bourgie et de Rose Naggar-Tremblay et que le public découvrira en première mondiale à cette occasion.

La question des départs et les origines d’un récital

Rose Naggar-Tremblay était habitée depuis plus d’un an par ces questionnements de mouvance lorsqu’elle a approché Olivier Godin, directeur artistique de la Salle Bourgie, afin d’élaborer un récital abordant l’élan de partir des femmes. Après que ce dernier lui eut mentionné que le MBAM planifiait justement une exposition sur Marisol, elle s’est plongée tête première dans son œuvre, sa biographie, la puissance des gestes créatifs, son émancipation mais aussi sa capacité à toujours se réinventer. Ces découvertes ont mené à un cycle de mélodies rendant hommage à l’œuvre de Marisol, qui imagine sa réponse en regard au répertoire vocal traditionnel qui tend à présenter une vision statique des femmes : dans les mélodies de Brahms, Schubert et Schumann, notamment, les femmes sont souvent réduites à demeurer au foyer, dans un état d’attente constante. Alors que répondrait Marisol à ces femmes, quelle serait sa poésie et sa vision afin de susciter cet élan chez elles ?

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Cette question des départs est fondamentale à ce projet. Pour les femmes, souvent perçues comme le ciment social et celles qui bâtissent les liens de la communauté, partir est souvent source d’ambiguïté. Quitter un emploi qui ne nous satisfait plus, ou encore quitter une relation toxique, est souvent l’aboutissement d’un long processus. Puis, il y a le départ vers la mort, que plusieurs femmes effectuent seules, notamment en CHSLD. En réaction à ceci, Rose Naggar-Tremblay voulait s’approprier cette volonté de se fixer des objectifs, de vivre des aventures et d’incorporer une certaine linéarité dans sa pratique artistique, tout en questionnant ce que cela représenterait pour Marisol également. Elle se trouvait alors elle-même à un moment de sa vie où elle vivait de grands départs, période charnière au cours de laquelle elle a dû apprendre à être dans ses valises, à apprivoiser la réalité de cette carrière en constante mouvance. C’est un récital en trois parties qu’elle nous propose : la première portant sur l’attente et la langueur, la deuxième qui parle des départs et, enfin, une troisième évoquant la solitude et la mort.

Placées au cœur de ce travail de réflexion, les femmes sont donc omniprésentes dans ce récital. D’abord, par le lien fort avec la rétrospective en cours au MBAM relatant la carrière de Marisol, une artiste engagée pour qui le courant féministe occupait une place significative. Ensuite, parce qu’il culminera par la création de Mar y sol, un cycle de mélodies commandé par la Salle Bourgie et la contralto à la compositrice canado-américaine Luna Pearl Woolf, sur des poèmes écrits en collaboration avec les participantes d'une série d'ateliers d’art-thérapie ayant eu lieu au MBAM.

Des ateliers d’art-thérapie au MBAM et le cycle Mar y sol

Afin d’explorer ces questions fécondes, Rose Naggar-Tremblay a dirigé, conjointement avec l'art thérapeute Yan Yee Poon, deux ateliers de création qui ont eu lieu au printemps 2023, lesquels ont réuni une dizaine de femmes. Elle n’avait rien écrit au préalable à ces ateliers, se présentant devant les participantes telle une page blanche : à travers les œuvres mais également les techniques de Marisol, musicienne et participantes ont d’abord vécu concrètement la rencontre avec l’artiste vénézuélienne par les matériaux qu’elle utilisait et par ses gestes artistiques en créant leurs propres œuvres en réponse aux siennes.

Ces ateliers ont ensuite donné lieu à des cercles de réflexion sur l’expérience vécue par les participantes, sur ce qu’elles ont ressenti au cours de cette confrontation avec l’art de Marisol. Ceux-ci ont inspiré le processus d’écriture. Cet été-là, Rose Naggar-Tremblay a voyagé un peu partout dans le monde : elle se trouvait donc elle-même dans cet élan constant que procure le geste de partir, captivée par ces réflexions suscitées par ces rencontres. Elle était également habitée par la volonté de créer une trame narrative pour le récital : ce qui s’avéra complexe car finalement, ce n'est pas tant une histoire qu’elle raconte, mais des états d’être qu’elle reflète.

Les participantes se sont ensuite revues à l’automne 2023 lors d’ateliers de poésie et de chant : Rose Naggar-Tremblay leur a fait expérimenter la manière dont elle avait écrit le spectacle. Elle a partagé avec elles ce qui était ressorti des ateliers antérieurs, et celles-ci ont même appris une partie d’une mélodie du cycle Mar y sol.

La collaboration avec la compositrice Luna Pearl Woolf

La rencontre initiale entre Rose Naggar-Tremblay et Luna Pearl Woolf s’est produite lors d’un entracte d’un opéra. Selon les dires de la musicienne, ce fut un gros coup de cœur artistique : lorsqu’est venu le temps d’élaborer le projet, le choix de la compositrice allait de soi.

Mais la musique du cycle Mar y sol, comment pourrait-on la décrire ? À cette question, la contralto explique : « C’est tellement difficile de décrire son style musical ! C’est du Luna tout craché. Il y a un peu de "word painting", on sent la mer qui est présente, surtout dans la mélodie, on sent les élans, on sent les envolées. Au piano, il y a quelque chose qui relève davantage du second degré : le côté pop art, le côté comique et l’auto-dérision. Il y a de l’humour en tout cas ! Le premier et le dernier mouvement sont davantage mélodieux, avec une partie centrale plus déclamée. »

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Un problème de taille s’est présenté lors du processus d’écriture du cycle : comment transcrire les silences de Marisol en musique, lorsqu’on sait que l’artiste vénézuélienne avait une personnalité particulièrement énigmatique et évanescente, ayant fait vœu de silence à 11 ans suite au suicide de sa mère ? C’est alors qu’est venue comme fil conducteur l’image de la mer et du soleil, deux entités qui ne sont pas clairement définies, mais qui ont un bagage poétique infini et qui ont un pouvoir évocateur considérable. La mer et le voyage furent en outre capital dans la vie de Marisol, inspirant son œuvre et forgeant sa personnalité.

Rose Naggar-Tremblay : une artiste en pleine ascension

Étoile montante de l’art lyrique, « la profondeur de timbre, l’égalité de la voix, la maîtrise du souffle et l’émotion du chant » (Le Devoir) que démontre Rose Naggar-Tremblay sont remarquables. Nommée « Révélation Radio-Canada 2022-2023 » en musique classique, elle s’est vue décerner la bourse de carrière Fernand-Lindsay ainsi que d’autres récompenses prestigieuses, remportant notamment en 2021 le Concours international de chant Georges Enesco à Paris, le Concours OSM, ainsi qu’une 2e place au Prix d’Europe.

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Le programme

Outre le cycle de mélodies Mar y sol de Woolf / Naggar-Tremblay, le public pourra entendre des œuvres de Brahms, Schubert, R. Schumann, Fauré, Bosman, Chausson, G. Mahler et A. Mahler.

Rose Naggar-Tremblay sera accompagnée au piano par Julien LeBlanc, avec la participation de la comédienne Chantal Lambert.

Pour les passionné.e.s d’art visuel et de musique, osez la formule Tableau en musique combinant une discussion autour d’un verre à 17 h, la visite de l’exposition Marisol : une rétrospective à 18 h, suivie du concert à 19 h 30.

Rose Naggar-Tremblay interprète « Mon cœur s’ouvre à ta voix »

Laissez-vous envoûter par Rose Naggar-Tremblay, qui interprète l’air « Mon cœur s’ouvre à ta voix » de l’opéra Samson et Dalila, de Camille Saint-Saëns.

Mon cœur s'ouvre à ta voix- Samson et Dalila- Saint-Saëns

Salle Bourgie

1339, rue Sherbrooke Ouest

Montréal (Québec) H3G 1G2

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