Bien qu'associée à ses débuts au mouvement du Pop Art, l'oeuvre de Segal s'inscrit en réalité dans une tradition humaniste. Ses moulages de figures humaines placées dans des environnements quotidiens se veulent un commentaire émouvant sur l'aliénation de l'homme. Au début des années 1980, il évacue de ses compositions la couleur et les accessoires réalistes et peint les fonds en noir : « Je regarde beaucoup du côté de Rembrandt. Je regarde les tableaux des maîtres anciens qui sont, en fait, une toile plane peinte comme par enchantement pour qu'elle ressemble à une sculpture en trois dimensions. Et j'essaie de faire le contraire. Je fais une sculpture en trois dimensions afin de voir ce qui se produit si je parviens à indiquer certains de ces clairs et de ces obscurs qui sont purement imaginaires. » Exposée pour la première fois en 1993, à la Sidney Janis Gallery de New York, cette oeuvre se présente à la fois comme une scène réaliste et une allégorie. Assise sous une lumière crue, au milieu d'un univers entièrement noir, légèrement voûtée, le dos tourné au spectateur, la femme est saisie dans un moment banal de la journée, tout comme elle incarne, dans son accablement, la fatigue du monde.
© The George and Helen Segal Foundation / SODRAC, Montréal / VAGA, New York (2021)