Skip to contentSkip to navigation

Pleins feux sur...

Le Premier Livre du Clavier bien tempéré de J. S. Bach

Portrait de Johann Sebastian Bach par Elias Gottlob Haussmann. Bach-Archiv Leipzig, 1746

L’année 2022 marque le tricentenaire du manuscrit du Premier Livre du Clavier bien tempéré de Johann Sebastian Bach. Achevé en 1722 alors que le compositeur se trouvait à Coethen, ce premier livre est constitué de 24 préludes et fugues, composés dans toutes les tonalités majeures et mineures suivant un ordre chromatique ascendant. Un second recueil suivra 22 ans plus tard, en 1744, sur ce même schéma.

Afin de célébrer cet anniversaire important, la Salle Bourgie vous invite à en apprendre un peu plus sur cet ouvrage fondateur du répertoire pour clavier, qui a su marquer les esprits et influencer le cours de l’histoire de la musique occidentale.

Contraste et équilibre
Le Clavier bien tempéré présente un contraste fascinant et un parfait équilibre entre les formes musicales strictes (la fugue) et plus libres (le prélude), tout en y proposant une étonnante variété : on y retrouve des fugues de deux à cinq voix, comprenant un à trois sujets, et présentant l’éventail complet des procédés contrapuntiques, tandis que les préludes font preuve d’une grande diversité mélodique et rythmique. Bach n’ayant pas spécifié pour quel instrument à clavier son recueil était composé, son contenu peut être interprété autant à l’orgue qu’au clavecin ou encore sur un piano moderne. Ces préludes et fugues forment un répertoire d’une richesse et d’une complexité remarquables, tout en représentant un défi musical et technique.

Un outil pédagogique
L'œuvre possède également un but pédagogique, conçue pour aider les jeunes musiciens à maîtriser leur instrument, tant sur le plan technique que musical. En effet, encore aujourd’hui, rares sont les apprentis pianistes qui, au cours de leur formation, ne se sont pas frottés à l’un ou l’autre de ces préludes et fugues. Soulignons que Chopin débutait chaque journée en compagnie de l’un d’eux, et qu'il composera plus tard ses 24 préludes, très prisés des interprètes et des mélomanes.

Crédit

« Bien tempéré » ?
Le titre lui-même intrigue : qu’entend-on par « bien tempéré » ? Et que veut dire le terme « tempérament » ? Par « tempérament », on entend un système d’accord des instruments.

À l’époque de Bach, il n’existe pas encore de tempérament standardisé : celui-ci peut donc varier considérablement d’un instrument à l’autre. Jusqu’alors, la majorité des instruments sont accordés parfaitement en tierces et en quintes, permettant aux compositeurs d’obtenir des résultats acoustiques exceptionnels dans certaines tonalités, par exemple do et sol. Par contre, l’emploi de tonalités plus éloignées s’en trouve fortement restreint : acoustiquement très désagréables à l’oreille, elles sont normalement évitées.

À la recherche d’un tempérament qui permettrait aux compositeurs d’explorer davantage de tonalités, les théoriciens de l’époque baroque ont proposé différentes façons d’accorder les instruments. Afin que toutes les tonalités soient accessibles, certains compromis acoustiques sont admis au moment d’accorder l’instrument, sans que l’octave ne soit pour autant divisée en douze parties égales (comme c’est le cas aujourd’hui, sur un piano moderne).

Bien que ces diverses manières de résoudre le dilemme représentent un compromis au niveau de la justesse de certains accords et intervalles, il devient désormais possible pour les compositeurs de s’aventurer dans de nouvelles tonalités ! C’est en réponse à ces nouvelles manières d’accorder les instruments à claviers que Bach compose son Clavier bien tempéré, offrant ainsi aux musiciens, désireux d’apprendre un groupe d'œuvres courtes et variées, la possibilité d’explorer et de maîtriser toutes les tonalités possibles.

Notons toutefois qu’en ce qui concerne le Clavier bien tempéré, Bach ne préconise pas forcément un tempérament égal. Il recommande simplement un tempérament adapté aux 24 tonalités de la gamme, permettant un grand nombre de modulations. Le terme « bien tempéré », donc, ne désigne pas un système d’accord en particulier, et encore moins une division égale de l’octave : Bach, en fait, n’a jamais spécifié le tempérament souhaité, laissant ce choix au bon jugement de l’interprète. D’ailleurs, à l’époque, comme c’est souvent encore le cas aujourd’hui, les clavecinistes accordaient eux-mêmes leur instrument.

Crédit

Un riche héritage
Avec le Clavier bien tempéré, l’influence de Bach dans le monde musical est considérable. Il est le premier compositeur à démontrer les vastes possibilités d’un tempérament offrant de bons résultats acoustiques dans toutes les tonalités, et son influence perdure encore aujourd’hui. La quasi-totalité des grands compositeurs qui lui succèdent auront été confrontés, un jour ou l’autre, à cet ouvrage. Si la postérité nous a laissé autant de chefs-d’œuvre de Mozart, de Beethoven, et de Chopin, entre autres, c’est en partie grâce à Johann Sebastian Bach et son Clavier bien tempéré.

Si vous souhaitez entendre en concert l'intégrale du Premier Livre du Clavier bien tempéré de J. S. Bach, interprétée par la musicologue et claveciniste Geneviève Soly, rendez-vous les 16, 17 et 18 janvier 2023 à la Salle Bourgie !

Réservez vos billets ici

Salle Bourgie

1339, rue Sherbrooke Ouest

Montréal (Québec) H3G 1G2

Voir sur Google Maps

Une touche de culture dans votre boîte courriel
Abonnez-vous à l'infolettre du Musée

Inscription à l'infolettre de la Salle Bourgie