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Publié le 8 février 2019

Une autre plume à sa coiffe de Kent Monkman

Le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) dévoile, en première canadienne, Une autre plume à sa coiffe (2017), une vidéo-performance de l’artiste torontois, membre de la nation crie, Kent Monkman, réalisée avec la participation spéciale du couturier Jean Paul Gaultier. Cette vidéo témoigne du « mariage » symbolique entre Miss Chief Eagle Testickle − alter ego non binaire de Monkman, qui a le pouvoir de voyager dans le temps et de se métamorphoser − et Jean Paul Gaultier, deux ardents défenseurs de la diversité sexuelle. La présentation intègre également l’installation Théâtre de cristal (2017), récemment offerte par l’artiste au Musée.

Le 8 septembre 2017, à l’invitation du MBAM et avec la complicité de Jean Paul Gaultier, Kent Monkman a présenté une performance, en marge de l’exposition Love Is Love : le mariage pour tous selon Jean Paul Gaultier. Relevant et défiant tous les clichés de l’amour romantique, hétérosexuel et cisgenre du western, Monkman en a tiré une vidéo de mariage classique : Une autre plume à sa coiffe (2017), aujourd’hui dévoilée au public.

La performance s’est déroulée sous le Théâtre de cristal, un tipi de perles de verre conçu par Monkman. La mise en scène scellait l’union inclusive et engagée entre « l’enfant terrible de la mode » et Miss Chief Eagle Testickle. Les artistes échangèrent leurs vœux d’amitié et de respect en présence de deux témoins, Nathalie Bondil, directrice générale et conservatrice en chef du MBAM, et Thierry-Maxime Loriot, commissaire de l’exposition Love Is Love. Le comédien Andrew Schiver jouait le rôle du célébrant, et la Québécoise Ève Salvail, muse et mannequin du couturier, celui de la demoiselle d’honneur.

Pour ce mariage symbolique, Miss Chief portait une coiffe créée par le couturier, complément de la robe de mariée de la collection haute couture automne-hiver 2002-2003 Les Hussardes. Inspirée de celles qu’arborent les Premières Nations des Plaines, cette coiffe était également présentée dans l’exposition Love Is Love : le mariage pour tous selon Jean Paul Gaultier.

Dans un contexte où l’appropriation culturelle faisait débat, la présence de cette même parure dans l’exposition Love Is Love exigeait une réponse. Le MBAM a alors demandé à Monkman d’émettre un commentaire par la voie artistique. Sa réponse : Miss Chief accepterait la demande en mariage de Jean Paul Gaultier. Avec sa collaboratrice de longue date, Gisèle Gordon, Monkman a ainsi conçu une performance-cérémonie qui célèbre l’alliance symbolique entre deux artistes pour interroger la notion d’appropriation culturelle, et sceller une union artistique fondée sur l’amitié et une meilleure compréhension culturelle.

« Grâce au mariage, nous apprenons à mieux appréhender et à pardonner les manquements de nos conjoints ainsi qu’à établir une connaissance authentique de l’autre. Le mariage stimule et nourrit une nouvelle vie et de nouvelles expériences. Aujourd’hui, Miss Chief accepte l’offre d’union artistique de Jean Paul Gaultier comme une alliance esthétique sous le signe du respect mutuel et de la reconnaissance interculturelle », déclarait Kent Monkman.

La coiffe des Premières Nations est empreinte de spiritualité, une distinction assortie de règles et de responsabilités. La revendication artistique de Monkman concernant la fausse coiffe va au-delà du stéréotype de la femme autochtone perpétué par le regard colonial. Par le truchement de Miss Chief Eagle Testickle, Monkman évoque les personnes au genre fluide et/ou bispirituel, vénérées et acceptées par la plupart des nations autochtones de l’époque précoloniale, dont les travestissements scandalisaient les colons venus d’Europe.

Pour accompagner la performance, Monkman s’est adjoint les talents du photographe torontois Chris Chapman. L’artiste a créé les œuvres photographiques, d’inspiration portrait de mariage, sur lesquelles figurent Miss Chief et Jean Paul Gaultier, adoptant le style esthétique et la présentation d’un format cabinet, un type de photo-carte d’invention française datant du 19e siècle.

La vidéo-performance Une autre plume à sa coiffe (durée 5 min 2 s) a été réalisée en collaboration avec le Musée des beaux-arts de Montréal et la Maison Jean Paul Gaultier.

Consulter les crédits


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    Jean Paul Gaultier et Miss Chief Eagle Testickle (Kent Monkman), Musée des beaux-arts de Montréal, 8 septembre 2017. Photo : Frédéric Faddoul.

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    Kent Monkan (né en 1965), Théâtre de Cristal, 2007, cristal, projecteur, lustre, vidéo Group of Seven Inches (2005, 7 min 31 s) 3/3. Photo : Guy L'Heureux.

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